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Deux hommes et deux enfants habillées en chasse dans un champs.

D’aussi loin que je puisse plonger dans ma mémoire, je vois remonter de bons souvenirs de mes premières parties de chasse. Ces images mettent davantage en lumière l’atmosphère de bonheur partagé avec les compagnons du temps que le nombre de gibiers et leur taille.

Mes souvenirs retracent, en quelque sorte, le début de ma carrière de chasseur. Ma famille m’a transmis cette passion et m’a aidé à devenir le chasseur que je suis.


 

Mon grand-père

Je devais être âgé de 7 ou 8 ans et ce qui est sûr… je n’étais pas en âge de chasser. Sous la faible lumière de la lampe à l’huile, une main me sortit d’un rêve pour m’en faire vivre un autre… C’était mon matin ! Fier de chausser la paire de cuissardes de mes deux frères et de porter le manteau de chasse cousu par ma mère, je pouvais enfin suivre mon grand-père sur la batture. Un jus et un sandwich avalés en vitesse et me voilà dans le rigolet à la suite du vieil homme. Il marchait avec son fusil à deux canons sous le bras et une cordée d’appelants de bois sur l’épaule. Mon guide savait reconnaître, du bout de ses pieds, chacune des roches glissantes dans la pénombre.

Une fois à destination, mon grand-père plaça ses appelants et attendit la luminosité suffisante avant de charger les deux chambres de son fusil. De sa poche, il ne sortit pas une boîte, mais bien un petit sac de coton contenant à peine plus de cartouches que le nombre de canards qu’il était possible de récolter. Réputé pour la justesse de ses tirs, il choisissait ses cibles et ne tirait jamais pour rien. La chasse n’était pas seulement un passe-temps, mais aussi une belle façon de faire l’épicerie à peu de frais.

À travers les branches plantées en forme de cache, je me rappelle avoir vu un duo de sarcelles amorcer leur approche. Dans le calme du matin, j’ai entendu une seule détonation et mon grand-père me permit d’aller ramasser un petit canard encore tout chaud tombé dans les hautes herbes.

Quelle joie m’envahissait !

Mon père

Du haut de mes 12 ans, je me sentais prêt à chasser. Mon grand-père trouvant plus difficile de marcher dans la vase, mon père reprit la mission de m’enseigner le tir au fusil. Par prudence et pour faciliter la justesse de mes tirs, il me suggéra de choisir un fusil à bascule. Sur le coup, je n’étais pas d’accord. J’aurais voulu, moi aussi, avoir un semi-automatique. J’ai vite compris qu’il valait mieux tirer un coup avec précision que d’en tirer trois à côté.

Mon père était un bon sauvaginier. Les canards à moins de 30 mètres n’avaient pas de secrets pour lui. Ses légendaires appels à bouche avaient tout pour faire approcher le gibier lorsqu’il était hors de portée. D’aussi loin que je me souvienne, je voulais l’imiter et même faire mieux. Mon père était mon modèle. À ses côtés, je me sentais grand et confiant. Je ne voulais pas le décevoir. Ma première ouverture à vie ne me permit pas de récolter de canards. Je me revois l’épaule bleue à pleurer ma déception…

Mes filles

Mes souvenirs les plus récents s’inscrivent aussi dans la transmission de cette passion familiale de la chasse. Depuis peu, c’est au tour de mes deux filles de marcher dans les traces de leur grand-père. Elles font maintenant partie de toutes ces histoires d’ouverture de la chasse aux canards. À 4 h du matin, elles sont debout dans le chalet et partagent avec nous toutes les étapes du sport, allant de l’installation des appelants à l’éviscération du gibier.

Grâce à mes filles, je vois déjà le prolongement de ma vie investie dans la chasse et… qui sait, dans plusieurs années, ce sera peut-être leurs enfants qui me suivront dans la vase pour une première chasse !

Par José Boily, animateur de Québec à vol d'oiseauCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre - dans le cadre de l'émission Le camp en pourvoirie. Texte diffusé dans le Guide de la pourvoirie 2015