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Deux chasseurs et leur orignal

Trois expéditions mémorables en pourvoirie !

En plus de 25 ans, la faune tout comme les territoires de pourvoirie ont été riches en aventures et en émotions de toutes sortes. En voici trois qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire.

Pêcher avec un panache de caribou !

C’est en manipulant un panache de caribou pendant une conférence qu’une « bulle » de gars de bois m’est passée par la tête. Spontanément, j’ai annoncé que je venais de découvrir le plus préhistorique modèle de brimbale.

Avec ce nouveau défi en tête, je suis arrivé à la Pourvoirie du Lac BervalCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre avec une excitation. J’ai accroché un micro Jig Atomic Teaser et un petit morceau de ver au bout de mon fil. Vous me direz que c’est de la chance, mais j’ai pris six truites mouchetées dans un très court laps de temps grâce à ma « canne panache ».

En fin de journée, Marc-André Chenail et sa conjointe Claudia Racine, gestionnaires de la pourvoirie, sont venus nous rendre visite et prendre quelques photos devant notre chaleureuse cabane de pêche. L’atmosphère était détendue puis soudainement Yannick, le prétendu meilleur pêcheur du groupe, a échappé une immense truite arc-en-ciel qui a littéralement brisé son fil. Je lui généreusement offert de prendre ma « canne panache », mais je pense qu’il a perçu un brin d’ironie dans ma démarche.

De retour à la pourvoirie pour l’ouverture de la pêche le 26 avril, Yannick m’a remis la monnaie de ma pièce en capturant la plus magnifique truite brune qu’il m’a été donné de voir. De quoi lui faire oublier sa truite arc-en-ciel !

De la salle d’opération du Children’s Hospital à la cache lumineuse !

En juillet 2021, j’avais le jeune Éloi Cormier, 16 ans, en ligne sur mon cellulaire. Anxieux, il était en attente d’une opération risquée en neurochirurgie, sa troisième opération en 8 ans. Avant de raccrocher, j’ai promis à Éloi : « Dans 4 mois, nous allons déjouer ton premier orignal ensemble, sois brave ! Je te guide déjà ! » La discussion m’a rendu émotif et je suis allé faire du jogging dans l’attente de son réveil. J’ai couru, couru, couru, jusqu’à ce qu’une lune claire apparaisse dans le ciel. J’ai vu ça comme un signe!

Quelques mois plus tard, Joël, le papa d’Éloi, m’explique les limitations postopératoires d’Éloi et son vif intérêt à chasser avec nous. Aussitôt, je communique avec Alexandre Lavoie du Club des Trois CastorsCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre dans Charlevoix. Lui-même papa de deux enfants, Alexandre est touché par cette histoire et le défi qu’elle représente. Ce coureur des bois aguerri m’apprend qu’il vient de construire une nouvelle cache dans une savane enchantée avec l’aide de ses fils.

Entretemps, Éloi obtient une autorisation médicale pour venir se faufiler dans le bois avec nous. On explore la savane et on découvre rapidement des traces fraîches. Je propose un plan à Éloi et son père. Le plan implique que je call « ninja » dans une petite pointe d’épinettes en vue de faire passer un orignal devant la cache. Ça semblait simple, mais ce n’était pas le cas. Le défi était de taille notamment pour le tir en raison des limitations physiques d’Éloi. Or, peu avant la fin de journée, un craquement évident se fit entendre juste derrière la cache. Un orignal réagissait et les pas du cervidé se rapprochaient sans cesse de nous. Quand j’ai vu la tête de l’orignal émergée des conifères, j’ai regardé vers le ciel où régnait une lune aussi claire que lors de mon soir de jogging. J’ai vu ça comme un signe… Puis l’écho du coup de feu et des cris de joie ont retenti.

Si on a pleuré ce soir-là dans la savane enchantée sous les reflets révélateurs de cette lune spéciale ? Bien sûr ! Le moment était d’une grande puissance. Sur le chemin du retour, Joël et Éloi ont écrit au neurochirurgien du Children’s Hospital qui avait autorisé cette expédition supervisée : « Éloi vient de déjouer un orignal. Votre opération semble être une réussite ! »

Gélinottes et orignaux des pays d’en haut au Menjo !

Après un automne chargé, mon ami et guide Keven Léonard désirait que je rencontre ses amis, propriétaires de La Pourvoirie MenjoCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Son souhait était que je chasse l’orignal de façon relaxe, sans aucune responsabilité ni caméra à mes côtés. J’ai rapidement accepté cette forme de vacances. On avait dépassé la mi-octobre et les chasseurs des Laurentides disaient que le « call » était terminé, mais Keven et moi étions d’un tout autre avis.

Pour nos deux premières journées, l’entente non écrite était que je ne « callerais » pas afin de favoriser le sort d’une chasseuse motivée qui m’accompagnait. Puis, vers 15 h 30 ce jour-là, j’ai découvert un frottage frais à peine plus long que la longueur d’un crayon. Je ne me souviens plus exactement si j’ai juste fait du rattling ou bien si j’ai fait quelques petits calls, mais vers 16 h 55, un beau buck est apparu devant moi. Ma 308 Browning était prête et le tir s’est révélé à la hauteur de la qualité.

Le lendemain, Keven m’a prêté un vieux fusil de calibre 12 et au détour d’un sentier, il y avait une grosse couvée de gélinottes. Vous devinez la suite.

Si vous passez un jour par l’accueil de cette pourvoirie, vous n’aurez qu’à lever un peu la tête pour voir le panache de ce magnifique orignal des pays d’en haut. Il méritait amplement cette place de choix.

À propos de Michel Therrien

Michel Therrien œuvre dans le domaine du plein air, de la chasse et de la pêche depuis plus de 25 ans. En 2023, il a été récipiendaire du prix Harfang des Neiges dans la catégorie Bâtisseur. Michel a la capacité de se réinventer notamment avec son implication auprès de la relève, mais également dans sa façon de promouvoir et de valoriser les activités de prélèvement. Il est notamment le fondateur de l’équipe Chasse Québec.

 

Rédigé par Michel Therrien