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L’identification et la cueillette de plantes forestières et de champignons est une activité de plus en plus populaire pour agrémenter un séjour en pourvoirie. Rien de mieux qu’une bonne tisane de plantes fraîches ou l’ajout de quelques champignons forestiers pour parfumer la pêche du jour. Avant de vous aventurer sur le sentier de la cueillette et surtout dans la consommation des récoltes, il y a plusieurs choses à savoir

D’abord, certaines plantes, mais surtout certains champignons, peuvent être toxiques, voire mortelles pour l’humain. Avant de débuter la cueillette, il est essentiel de s’instruire. À cet effet, il existe plusieurs livres de référence très bien faits pour les plantes et champignons du Québec. Assurez-vous de maîtriser les méthodes d’identification propres aux plantes et aux champignons avant de vous lancer dans l’aventure de la cueillette.

Cueillir des plantes médicinales

La forêt québécoise regorge de plantes médicinales. Quand je parle de médicinales, c’est qu’elles ont des propriétés et des effets sur notre santé physique et/ou mentale. Parce que toutes les plantes ont des propriétés qui leur sont propres, il est impératif d’effectuer quelques recherches au préalable pour voir quelles plantes peuvent vous convenir. Parfois, les propriétés recherchées se trouvent dans la feuille, dans la fleur, dans l’ensemble des parties aériennes et parfois même dans ses racines. Par exemple, l’aralia ou aralie à tige nue (Aralia nudicaulis) est une plante des forêts mixtes et c’est dans ses racines qu’on retrouve ses propriétés énergisantes. Eh oui! Elles donnent un petit « boost » d’énergie lorsqu’on les mâchouille pour en faire sortir la sève. Un autre exemple est la récolte de la racine de bardane (Arctium lappa L.), le fameux « plan de toques » qui collent aux vêtements. Cette plante malaimée est bisannuelle, ce qui veut dire que la première année, elle ne fait qu’une rosette de feuille au sol et la deuxième année, elle fait un plan avec ses fleurs. C’est lorsque la plante est à sa première année (en rosette de feuilles) qu’on récolte sa racine, idéalement à l’automne. Remplie d’inuline, cette plante est excellente pour nourrir les bonnes bactéries de l’intestin. Mais attention! Il faut la consommer avec modération, car elle est également dépurative et nettoie le corps, ce qui peut apporter certains inconforts intestinaux. Il faut l’éviter durant la grossesse. La racine de bardane peut se manger crue, mais elle est meilleure cuite dans du beurre (miam !) et consommée comme un légume racine.

En forêt, l’une de mes plantes préférées est le sapin baumier (Abies balsamea) et on récolte les jeunes pousses au printemps (les jeunes pousses sont plus pâles et au bout de la branche). Après une journée de pêche et d’activités rien de mieux qu’une tisane de sapin baumier qui s’avère être réconfortante et tellement délicieuse ! Il existe une panoplie de plantes et de recettes et c’est pourquoi vous devez vous équiper d’un bon livre de référence des plantes forestières du Québec.

Identification des plantes

Pour l’identification des plantes, assurez-vous d’avoir en main un livre d’identification ayant des dessins (pas seulement des photos) qui aident à identifier la plante par la forme et la répartition de ses feuilles, sa tige, ses fleurs, ses couleurs et ses racines. De plus, l’ouvrage doit bien identifier son habitat et même son odeur selon certaines plantes. La règle d’or en récolte de plantes sauvages est de ne jamais cueillir plus du tiers d’une talle et de ne jamais récolter le plant mère (plus gros que les autres et généralement central dans la talle). Lorsqu’on récolte des racines, on n’arrache pas le plant, on déterre une partie des racines, on prend seulement ce dont on a besoin et on enterre le reste.

Les champignons

Identifier et cueillir des champignons est une activité très plaisante ! Toutefois, c’est un monde très vaste, méconnu et trompeur. Parfois, la différence entre deux champignons, l’un que l’on peut consommer et l’autre qui est toxique, réside dans les microscopiques spores qu’ils produisent. Si vous êtes débutants, je vous recommande fortement d’être accompagné par un spécialiste ou de ne cueillir que les espèces que vous êtes capable d’identifier sans aucun doute. Pour ma part, pendant deux ans, j’ai limité la cueillette à un seul champignon pour chaque espèce afin d’apprendre à l’identifier adéquatement à l’aide de livres de référence. Pour les identifier, on ne peut pas se fier uniquement à son apparence. Il faut le sentir, observer la forme de son pied, celle de son chapeau, l’apparence de ses lamelles, ses couleurs parfois très subtiles, le couper pour voir la chair intérieure et pratiquer ce que l’on appelle une sporée (faire sortir les spores sur un mouchoir pour en voir la couleur). L’identification n’est donc pas une mince affaire et surtout à ne pas prendre à la légère !

Il y a un énoncé qui circule et qui dit que si le champignon est blanc, c’est qu’il est sans danger. Pour vous démontrer à quel point cette affirmation est fausse, l’image ci-dessous est une amanite vireuse, communément appelée l’ange de la mort, et il est le champignon le plus dangereux du Québec. Il est toxique et mortel ! Pourtant, il ressemble drôlement aux insignifiants champignons de Paris qu’on retrouve au marché du coin. Donc, PRUDENCE !

À l’opposé, le champignon ci-après est une trompette de la mort qui, malgré les apparences (et son nom), est un excellent comestible… du moment qu’on l’ait bien identifié.

Quelques champignons pour les débutants

La chanterelle commune est l’un des champignons les plus faciles à identifier et qu’on retrouve facilement au Québec. Sa couleur jaune, ses lamelles (ou plis) qui vont jusqu’au pied et sa forme en trompette font de ces champignons la cueillette idéale pour des débutants. De plus, c’est un excellent comestible et son goût est léger et fruité (abricot).

Plus difficile à trouver que les chanterelles, l’hydne sinué ou communément appelé pied-de-mouton est un très bon comestible et facile à identifier. C’est un champignon dit à aiguillons, c’est-à-dire qu’il n’a pas de lamelles, mais des petits tubes. Sa couleur et sa forme sont également facilement identifiables.

Le cep d’Amérique se trouve en bonne quantité dans nos forêts. Quoiqu’il soit comestible, il n’a pas de saveur bien particulière ou recherchée. De plus, il peut se confondre avec d’autres champignons de la famille des bolets, dont certains sont comestibles et d’autres non. D’où l’importance d’avoir un bon livre d’identification.

Finalement, non comestible et toxique, l’amanite tue-mouche est un super champignon à observer avec les yeux pour le plaisir. Son chapeau rouge-oranger et sa forme toute bombée peuvent nous rappeler les petites maisons de Schtroumpfs.

 

En conclusion, la cueillette de produits forestiers non ligneux (oui, c’est comme ça qu’on les appelle) est une activité éducative et vraiment divertissante. Assurez-vous d’être bien informé et de ne prendre aucun risque si l’objectif est de les consommer ! Même si la cueillette peut se faire sur n’importe quelle pourvoirie, certaines pourvoiries offrent l’activité de cueillette de champignons guidée ou non guidée (voir énumération ici-bas). Sinon, vous pouvez toujours prendre une formation auprès d’un herboriste professionnel ou d’un spécialiste des champignons. Bonnes observations/cueillettes !

Cueillette guidée 

Pourvoirie des Trois LacsCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Bas-Saint-Laurent) 

Pourvoirie NémiskauCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie)

Seigneurie du TritonCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie) 

Pourvoirie Le RochuCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie) 

Cueillette non guidée 

Pourvoirie Domaine DesmaraisCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie) 

Pourvoirie J.E. GoyetteCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie) 

La Pourvoirie du Lac OscarCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Mauricie) 

Pavillon BasilièresCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Lanaudière) 

Pourvoirie Pignon Rouge MokocanCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Lanaudière) 

Pourvoirie CockanagogCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre (Laurentides) 

 

Par Anne-Marie Royer,  herboriste chez Accord Nature et conseillère en développement touristique, développement durable et formation à la Fédération des pourvoiries du Québec